Appel à contribution

L'oculométrie est un outil extrêmement performant pour appréhender l'étroite interaction entre le langage et la pensée (Yarbus, 1967; Henderson et al., 2007; Huettig et al., 2011; Conklin & Pellicer-Sánchez, 2022). Elle permet notamment de mieux comprendre les processus cognitifs impliqués dans la compréhension et la production du langage, tant au niveau d'une communauté linguistique donnée qu'au niveau des individus (par exemple, pour les déficiences cognitives ou de compétences linguistiques). En analysant les mouvements oculaires, nous pouvons suivre, en temps réel, la manière dont l'attention est allouée au cours de tâches linguistiques, ce qui éclaire, par exemple, les points suivants:

  1. Les dynamiques de processus linguistiques chez les personnes souffrant de troubles du langage: L'oculométrie permet d'identifier certains schémas dans le mouvement oculaire qui correspondent à différentes étapes du traitement cognitif, y compris pour les populations souffrant de troubles du langage tels que l'aphasie (Dickey, 2007; Yee et al., 2008) ou la dyslexie (Desroches et al., 2006; Huettig & Brouwer, 2015).

  2. Accessibilité lexicale et sémantique: L'étude des mouvements oculaires dévoile le déroulement de l'accès à l'information lexicale et sémantique (Sedivy et al., 1999; De Groot et al., 2016).

  3. Traitement syntaxique: La recherche sur l'oculométrie révèle les subtilités du traitement syntaxique, y compris la manière dont les structures de phrases (complexes) influencent l'analyse syntaxique et la compréhension (Tanenhaus et al., 1995; Clifton & Staub, 2011). Cela s'applique également à l'acquisition d'une seconde langue (par exemple, Frenck-Mestre, 2005).

  4. Inférences pragmatiques: L'eye-tracking est particulièrement pertinent pour étudier la façon dont le contexte et les connaissances de fonds influent sur la compréhension de la langue (Ryskin et al., 2019; Sun & Breheny, 2020).

  5. Traitement du discours: Le suivi oculaire est utilisé pour étudier les modalités selon lesquelles les lecteurs ou les auditeurs maintiennent la cohérence du discours et traquent les expressions référentielles (voir Altamimi & Conklin (2024) ou Robert & Siyanova, 2013 sur les locuteurs L2).

  6. Acquisition du langage: L'eye-tracking permet aux chercheurs d'observer la différence de traitement de l'input linguistique par les enfants et les adultes et son évolution au fil de l'expérience linguistique (par exemple, Ambridge & Rowland, 2013; Joseph et al., 2013; Mani & Huettig, 2014; Tribushinina & Mak, 2016).

  7. Relativité linguistique: Les chercheurs s'appuient sur l'oculométrie pour mesurer l'impact cognitif des différences linguistiques sur la manière dont les locuteurs allouent leur attention visuelle aussi bien dans des contextes verbaux que non verbaux (par exemple, comme pour les événements du mouvement, voir Hohenstein, 2005; Papafragou et al., 2008; Soroli & Hickmann, 2010; Soroli et al., 2019; Lesuisse, 2022; Lesuisse & Lemmens, 2023).

     

Appel à communications:

Nous vous invitons à soumettre des propositions de communication pour la prochaine journée d’étude intitulée "Gazing into Language: Unveiling Cognitive Processes with Eye-Tracking". Cet événement interdisciplinaire vise à explorer les nombreuses utilisations de la technologie de l’oculométrie dans la recherche en linguistique. Les chercheurs sont encouragés à soumettre des contributions abordant, sans s'y limiter, les sujets suivants:

  • Les études d'eye-tracking sur la compréhension et la production de la langue

  • L'oculométrie dans l'analyse du discours et la pragmatique

  • Les mouvements oculaires dans le bilinguisme et l'acquisition des langues

  • Les différences interlinguistiques dans les mouvements oculaires

  • Les applications de l'oculométrie en psycholinguistique et en neurolinguistique

  • Les avancées technologiques et méthodologiques dans la recherche utilisant l'oculométrie

  • Les modèles cognitifs et computationnels utilisant des données d'eye-tracking

 

Instructions pour la soumission des résumés:

Les résumés ne doivent pas dépasser 400 mots.

Les résumés doivent inclure 3 à 5 mots-clés.

Les présentations (20 minutes) peuvent être en anglais ou en français.

 

Dates importantes:

Date limite de soumission des résumés: 17 24 mai 2024

Notification d'acceptation: 14 juin 2024

Date de la conférence: 20 septembre 2024

 

References

 

Altamimi, A. & K. Conklin. (2024) The Effect of Congruency and Frequency of Exposures on the Learning of L2 Binomials. Languages. 9(1):9.

Ambridge, B. & C.F. Rowland. (2013). Experimental methods in studying child language acquisition. WIREs Cogn. Sci. 4, 149–168.

Sun C. & R. Breheny. (2020). Another look at the online processing of scalar inferences: an investigation of conflicting findings from visual-world eye-tracking studies. Language, Cognition and Neuroscience, 35:8, 949-979.

Clifton, C. & A. Staub. (2011). Syntactic influences on eye movements during reading. In S. Liversedge, I. Gilchrist, S. Everling (eds.) Oxford Handbook on Eye Movements. Oxford University Press.

Conklin, K. & A. Pellicer-Sánchez. (2022). Eye-tracking In : S. Li, P. Hiver & M. Papi (eds.) The Routledge Handbook of Second Language Acquisition and Individual Differences. N-Y : Routledge. 441-453.

De Groot, F., F. Huettig & C. Olivers. (2016). When meaning matters: The temporal dynamics of semantic influences on visual attention. J. Exp. Psychol. Hum. Percept. Perform. 42, 180–196.

Desroches, A.S., M.F. Joanisse & E.K. Robertson. (2006). Specific phonological impairments in dyslexia revealed by eyetracking. Cognition. 100, B32–B42.

Dickey, M., J. Choy, & C. Thompson. (2007). Real-time comprehension of wh- movement in aphasia: Evidence from eyetracking while listening. Brain Lang. 100, 1–22.

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Henderson, J. M., J. R. Brockmole, M. S Catelhano & M. Mack. (2007). Visual saliency does not account for eye-movements during visual search in real-world scenes In R. P. G. Van Gompel, M. H. Fisher, W. S. Murray and R. L. Hill. (eds.) Eye-movements: a window on mind and brain. Amsterdam: Elsevier. 537-562.

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Papafragou, A., J. Hulbert, & J. Trueswell. (2008). Does language guide event perception? Evidence from eye movements. Cognition 108: 155-184.

Rayner, K. (1992). Eye movements and visual cognition. Scene perception and reading. Springer series in neuropsychology. New-York: Springer.

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Ryskin, R., C. Kurumada, & S. Brown-Schmidt (2019). Information Integration in Modulation of Pragmatic Inferences During Online Language Comprehension. Cogn Sci. 00: 1–35.

Sedivy, J., M. Tanenhaus, C. Chambers, & G. Carlson. (1999). Achieving incremental semantic interpretation through contextual representation. Cognition, 71, 109–147.

Soroli, E. & M. Hickmann. (2010). Language and spatial representations in French and in English: Some evidence from eye-movements. In G. Marotta, A. Lenci, L. Meini and F. Rovai (eds.), Space in Language. 581-597.

Soroli, E., M. Hickmann & H. Hendricks. (2019). Casting an eye on motion-events: eye- tracking and its implications for typology In M. Aurnague and D. Stosic (eds.) The semantics of dynamic space in French: Descriptive, experimental and formal studies on motion expression. Amsterdam: John Benjamins. 381-438.

Sun, C. & R. Breheny. (2020). Another look at the online processing of scalar inferences: an investigation of conflicting findings from visual-world eye-tracking studies. Language, Cognition and Neuroscience, 35:8, 949-979.

Tanenhaus, M., M. Spivey, K. Eberhard, & J. Sedivy. (1995). Integration of visual and linguistic information in spoken language comprehension. Science, 268, 1632–1634.

Tribushinina, E. & W. Mak. (2016). Three-year-olds can predict a noun based on an attributive adjective: Evidence from eye-tracking. J. Child Lang. 2016, 43, 425–441.

Yarbus, A. L. (1967). Eye movements and vision. New York: Plenum Press.

Yee, E., S. Blumstein & J. Sedivy. (2008). Lexical-Semantic Activation in Broca’s and Wernicke’s Aphasia: Evidence from Eye Movements. J. Cogn. Neurosci., 20, 592–612.

 

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